Ludivine a peur des chiens
Quoi de plus envahissant qu’une phobie dans notre quotidien, que ce soit la notre ou celle d’un proche ?
C’est le cas de Ludivine, 7 ans, qui depuis la moitié de sa vie panique et fait des crises (d’hystérie) dès qu’un canidé entre dans son champ de vision.
« Nous ne savons plus quoi faire ! » nous disent ses parents lors de notre premier rendez-vous.
« Nous avons vraiment tout essayé pour la rassurer mais rien à faire, plus elle grandit, plus elle a peur ».
Explorons alors ce que ces parents totalement désappointés et inquiets ont tenté de faire pour remédier à ces crises de paniques. La chose la plus récurrente a été de la RASSURER partout et sans cesse!
Même quand il n’y avait pas de chiens. Logique puisque c’est ce que tout parent soucieux du bien-être de sa progéniture « DOIT » faire ! Au fil de nos discussions, nous constatons que tout ce que ces parents ont fait n’a été que une montée en puissance de cette même idée,
« Nous devons la rassurer pour qu’elle n’ait plus peur des chiens ! » : Ils ont alors évité les endroits fréquentés par les chiens (parcs et forêts) ce qui facilite les sorties en familles et les vacances.
Ils ne sont plus allés chez les amis et la famille lorsque ces derniers avaient des chiens ce qui facilite la sociabilité du couple.
Ils ont changé de chaîne à la télé dès qu’un chien apparaît à l’écran ce qui limite le choix des films pour enfants et limite parfois la compréhension de l’intrigue.
Ils l’ont surtout prise dans leurs bras dès qu’eux mêmes ont pu anticiper la présence de chiens.
« Vous voyez, nous avons absolument tout fait pour la rassurer et lui expliquer qu’elle ne court aucun risque et que les chiens sont gentils »
Pour autant, n’y a-t-il aucun risque ?
Les chiens ne peuvent-ils pas parfois être méchants ?
Est-ce que le fait de la rassurer fonctionne ?
Est-ce que finalement le fait de la rassurer avec à chaque fois avec un peu plus de force ne renforce pas sa peur des chiens ?
Tentons d’expérimenter l’inverse.
Quelques semaines plus tard, la maman de Ludivine arbore un large sourire lors de notre quatrième séance.
« Ludivine nous a fait une énorme crise en arrivant à notre cousinade annuelle. Les deux énormes chiens de mon oncle maître-chien trônaient devant la baie vitrée ! Et bien à la fin de la journée elle les caressait ! »
Comment expliquer alors que le fait de l’avoir rassurée n’ait pas fonctionné ?
Précisément parce qu’en faisant cela, le risque a été de maltraiter cette peur qui pourtant, en bonne « émotion amie », lui disait clairement qu’il y avait un danger potentiel.
Et quand la Peur ne se sent pas écoutée, elle envoie ses soldats au front!